Les Grottes Stellaires

Editor’s Translation:

The Animaux stellaires (Stellar Animals) are part of a series developed since 2008, inspired by the work of an ethnoastronomer at the Lascaux Cave.

According to Chantal Jègues-Wolkiewiez, the main points of the animals painted on the walls of the Salles des Tauraux, match the location of stars in the sky: they form a map of constellations that still today can be found in the sky. In addition, the cave is inclined so that the sun enters and illuminates the paintings during summer solstices. The researcher also concluded that the caves were a shamanic ritual site. The paintings in fact seem to be made in a state of trance. When looking at the paintings on the walls of the cave, they seem projected towards what is more distant in our world: the stars.

In my stellar work, taxidermy replaces the cave, the highlight is the relationship between the interior (the spiritual) and the exterior (the animal's body) that is projected towards the stars, with the wires corresponding to the gesture of linking the stars together to create constellations.

In spring 2010, Edouard Sufrin asked to adapt one of my pieces for his exhibition Lightcycle: the piece had to change according to white or black light.

For this occasion I proposed the Constellation de la chevrette (Constellation of the Goat): a stuffed goat, covered with nails and white cotton thread. In white light, you could see the body of the animal as coated with a white cocoon. In black light, the body disappeared, as only cotton threads reacted to ultraviolet.


Les Animaux stellaires forment une série développée depuis 2008, inspirée des travaux d’une ethnoastronome sur la Grotte de Lascaux.

Selon Chantal Jègues-Wolkiewiez, les points principaux des animaux peints dans la Salle des Taureaux correspondaient sur les parois à l’emplacement d’étoiles dans le ciel : Ils formaient une carte des constellations qui permettent aujourd’hui encore de se repérer dans l’espace. En outre, la grotte est inclinée de telle façon que le soleil y entre et éclairait les peintures les jours de solstices d’été. Aussi la chercheuse a-t-elle conclu à un site rituel chamanique. Les peintures n’ont-elles pas, en effet, quelque chose d’un mode d’emploi imagé de la transe ? Lorsqu’ils regardaient les peintures sur les parois d’une grotte, ils étaient projetés vers ce qu’il y a de plus lointain dans notre monde : les étoiles. Si la grotte est une allégorie du corps, alors cette projection n’est-elle pas une allégorie de la transe, lorsque l’individu quitte son corps pour évoluer dans le monde des esprits ?

Dans mes travaux stellaires, la taxidermie remplace la grotte, le clou est le lien entre intérieur et extérieur qui projette vers les astres et enfin, le fil correspond au geste qui consiste à relier les étoiles les unes aux autres pour créer des constellations.

Au printemps 2010, Edouard Sufrin m’a demandé d’adapter l’une de mes pièces au principe de son exposition Lightcycle : elle devait changer de sens selon qu’elle était éclairée en lumière blanche ou en lumière noire.

Pour cette occasion j’ai proposé la Constellation de la chevrette : une chevrette empaillée, couverte de clous et d fil de coton blanc. En lumière noire, on pouvait voir le corps de l’animal comme enrobé d’un cocon blanc. En lumière noire, le corps disparaissait, car seuls les fils de coton réagissaient aux ultra-violets.

Ci-dessus : Constellation de la chevrette (2010) vues de l’exposition Lightcycles, Tribal Act, Paris, France.

A la fin de l‘année 2012, j’ai rencontré Jean de Loisy afin de préparer une installation pour la réouverture du Palais de Tokyo au printemps suivant. Jean m’a demandé si je me sentais capable de réaliser le travail des Animaux stellaires, et plus particulièrement la Constellation de la Chevrette, sur les parois d’une des salles de cinéma du Palais. J’ai bien entendu accepté le défi.

La réalisation de cette installation a demandé beaucoup de travail. Tout le haut des murs et le plafond a été couvert d’une structure en bois afin de pouvoir planter les clous sans abimer la pièce. L’ensemble de l’espace a ensuite été peint en noir, de façon à ce que la pièce devienne très sombre, et ne présente aucun élément réagissant à la lumière noire.

Sur un plan incliné à mi-hauteur entre le sol et le plafond, mon équipe et moi avons réalisé un troupeau de chevreuils dans diverses positions en clous et fil de coton blanc, comme une citation des troupeaux peints dans la Salle des Taureaux dans la Grotte de Lascaux. Puis nous sommes partis sur des motifs abstrait couvrant jusqu’au plafond avec des zones plus ou moins denses.


Grotte Stellaire (2012), Salle Alice Guy, Palais de Tokyo, Paris, France. Photo : André Morin.

Cette première Grotte stellaire a un très bon accueil. Ce succès m’a permis de construire plusieurs autres Grottes stellaires tout en faisant évoluer la série :

En mai 2013, j’installais la Grotte stellaire 2 au 8Q du Singapore Art Museum, Singapour. La structure de cette installation était la même que celle du Palais de Tokyo, mais la densité en fil était plus dense. Mon équipe et moi avons travaillé à des animaux d’espèces différentes (le chevreuil, le cerf, le sanglier, le bison), parfois travaillés par le vide..


Grotte stellaire 2 (2013), 8Q, Singapore Art Museum, Singapour.

La Grotte stellaire 3 a été installée à la Friedman Benda Gallery, New York, durant l’automne 2014. Avec cette installation, la structure en rotonde commence à disparaitre, les animaux se répartissent en lignes dynamiques comprenant rapaces, cigognes, loups et lions. Les images de mains apparaissent pour la première fois, de même que les anamorphoses.


Grotte stellaire 3 (2014), Friedman Benda Gallery, New York, USA.

La Grotte stellaire 4 a été installée au Hertzliya Museum of Art, près de Tel Aviv, au début de l’année 2015. Dans cette pièce, la rotonde a complètement disparu. Les animaux partent d’une figure humaine à tête de cerf dans un mouvement vertical.

Grotte stellaire 4 (2015), Hertzliya Museum of Art, Hertzliya, Israel.

L’installation suivante a marqué un véritable tournant dans la série. Le Fleuve céleste est une installation de plus de 60 mètres de long pour 25 mètres de large et 6 mètres de haut qui a été réalisée directement sur la paroi rocheuse d’une grotte artificielle.


Fleuve céleste (2015), Caves Ackerman, Saumur, France. Photos Mathilde Jouannet et Bernard Stulzaft

J’ai depuis eu l’occasion de travailler dans les caves de l’Abbaye de Fontevraud et au Tri Postal de Lille (France).

Je ne connais pas encore le lieu de la prochaine installation stellaire.

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